Son premier roman, L’Ile au trésor, publié en 1884, connaît un succès époustouflant et lui vaut une célébrité quasi universelle. Il est suivi d’innombrables ouvrages (et des plus variés), essais, poèmes, nouvelles, contes et romans. Dont l’un des plus connus et des plus énigmatiques estL’Etrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde.
La puissance de travail de Stevenson est stupéfiante. Ce grand malade cloué au lit, incapable de parler et presque de respirer, fiévreux, souffreteux et crachant le sang, conçoit, compose et écrit, en un mot « descend » un manuscrit, à une vitesse qui stupéfie son entourage.
Quel est son secret ? Stevenson le dévoile avec désinvolture, mi-sérieux, mi-goguenard: c’est le rêve !
Non plus le rêve incontrôlé, qui naissait des peurs de son enfance. Ni celui, nécessaire, qui lui permettait d’évacuer les tensions de sa jeunesse estudiantine. Mais le rêve provoqué, le rêve maîtrisé, le rêve inspiré par des êtres virtuels qu’il nomme ses « brownies », où ses « Petites Créatures ». Il les a, dit-il, « soumises à un rigoureux entraînement« . En sorte que, lorsqu’il se trouve en mal d’inventer, elles jouent pour lui, sur le théâtre illuminé de son sommeil, des bribes d’histoire ou des contes tout entiers. Ses « brownies » sont à la fois auteurs et acteurs.
« Elles font la moitié de mon travail pour moi tandis que je dors, et selon toute probabilité font aussi le reste quand je suis bien réveillé et que je crois sottement le faire moi-même. »
Il attribue avec humour un rôle modeste dans cette collaboration, histoire de justifier ses revenus d’auteur à succès !
Je suis un excellent conseiller. Je supprime, je retaille, j’habille le tout des meilleurs mots, des meilleures phrases que je puisse trouver. Je tiens la plume aussi … C’est moi qui reste assis à la table, ce qui est peut-être le pire de l’affaire. Et quand tout est fini, je signe le manuscrit. »