Robert Louis Stevenson dira qu'il laissait derrière lui quelques misérables chaumières. Pourtant ses misérables chaumières et ses habitants nous ont laissé à ce jour, un riche patrimoine naturel. Il faut se souvenir que pour eux la nature était riche d'enseignements et de bienfaits. Cette nature était leur source nourricière et protectrice. Dame nature pouvaient servir à soigner et les protéger. Il fallait cueillir les végétaux à des moments bien précis et opérer dessus, un rite particulier, car la valeur spirituelle venait du travail que pouvait faire le cueilleur. Je citerai dans cet exemple, le sureau qui pouvait chasser les revenants, il était accroché dans les maisons. L'ail indépendamment de son utilisation culinaire et de ses bienfaîts à de nombreux maux, elle protégeait aussi contre les maléfices.
Retenons l'observation de Stevenson, soulignant la rudesse du climat et de la simplicité des occupants. Même s'ils semblaient rustres et simples, il n'empêche que l'indifférence n'était pas vraiment dans leurs habitudes et que leur savoir était réel sans savoir lire ou écrire.
A cette époque existait une médecine que je citerai aujourd'hui de médecine parallèle. Cette médecine populaire était née d'une connaissance des plantes avec ses rites et parfois, accompagnées d'amulettes diverses; (médailles, pierres etc...) On dit que c'était la médecine des pauvres. Cette connaissance des soins s'enseignait par ouï dire. Si cette médecine reste suspecte de nos jours ! reconnaissons que cela n'empêche pas des gens aujourd'hui, de continuer à se soigner par les plantes et de croire à leurs bienfaits. Cette pratique s'enracinera dans notre quotidien d'aujourd'hui et finira par être reconnue pour une bonne partie. Qui n'a pas connu la tisane et la pommade maison , ou la fermentation d'une potion à l'odeur suspecte ! Pour eux, la maladie pouvait être l'association du bien et du mal qui pouvait venir du fait de ne pas respecter une foi religieuse.. Il fallait prier et faire confiance aux dons de la nature en soignant l'âme, le corps et l'esprit.Il est évident qu'ils étaient porteur d'une foi et d'une croyance très importante .
Je terminerai le sujet en disant que pour ceux qui croient , aucune explication est nécessaire et pour ceux qui ne croient pas, aucune explication n'est possible.
Les paysans tenaient à bout de bras leurs ambitions et leur survie, même s'ils vivaient dans la misère et la difficulté, ils devaient toujours se plier aux caprices de dame nature, en parcourant 200 fois la terre s'en jamais partir de chez eux et inlassablement, labourer, sarcler, semer, faucher, moissonner, faner et récolter. Exténués, éreintés, malmenés par tout ce travail , on peut comprendre pourquoi ils arrivaient à se lacher à l'auberge du village autour d'un verre ou d'une chopine. Ne dit on pas que la misère engendre les excès ? En attendant, de nos jours, leurs sillons se sont éteints. Il nous reste les souvenirs, les écrits que l'on redécouvre et cette nature encore intacte de nos jours.
Vous aurez certainement compris que je suis issue de ses gens de la terre et pour les avoir bien connu, je me suis assise sur leurs fondations pour entretenir mes souvenirs et continuer à respirer leurs parfums. Toutes les campagnes ont la même odeur. Cette souche paysanne est la racine de notre histoire et de ce que nous sommes aujourd'hui. Conservatrice et amoureuse de ce patrimoine rural, j'ai décidé de remettre l'auberge de la mère Cadenette dans sa fonction d'origine en retraçant son histoire et celle de la région tout en accueillant les voyageurs amoureux tout comme moi de ce que les anciens nous ont laissé .
Un p'tit bout d'histoire sur un grimoire de 1600 et des broutilles. On ne compte plus quand on aime découvrir.
Un paysan était allé vendre sa vache au marché du village voisin. Il en avait retiré un bon prix et s'était attardé à boire quelques chopes dans un cabaret avec des amis. Le soir arrivé, il fallut retourner à sa maison. Il prit la route et ne tarda pas à se voir suivi par un loup énorme. Le paysan marcha plus vite et le loup marcha du même pas à quelques mètres derrière lui, semblant à tout instant sur le point de le dévorer.
Vous jugez de la terreur de l'homme ! Pour le dépister, il prit une autre route et traversa le village par la droite. Le loup s'arrêta aux premières maisons et le paysan s'en crut débarrassé, quand en sortant du pays, il retrouva le loup accompagné d'un autre encore plus gros. Reprenant du courage, l'homme prît son bâton et essaya d'en frapper les animaux. Mais à chaque coup, ils sautaient d'un bond à plus de cinquante pas en arrière. Le paysan comprit qu'il avait affaire à des Loups sorciers et continua son chemin sans plus s'en inquiéter.
Ils l'accompagnèrent en hurlant jusqu'au village, mais ils n'y entrèrent pas et disparurent comme par enchantement.
Le petit Albert existe toujours , il est remplacé par le p'tit robert . Si vous consultez le p'tit Albert ! je vous rassure de suite, On ne va pas vous prendre pour des gourous de la sorcellerie et dieu sait que cette campagne sauvage en était pleine à cette époque . ( entre la croyance, la sorcellerie et les pratiques de médecine)